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Book online «The Aeroplane Boys on the Wing by John Luther Langworthy (best novels for students .txt) 📕». Author John Luther Langworthy



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traversée, ils descendirent, par les instances du conducteur, et bien fut pour eux, car une avalanche, peu de temps après, emporta la voiture et les chevaux dans l'abîme; l'Anglais, pour avoir son bagage, fit présent des débris de sa voiture qui ne sont pas encore retirés. L'officier, notre compagnon de route, familiarisé aux dangers dans la campagne de Moscou, nous dit franchement que s'il avait su l'état des choses, il ne s'y serait pas hasardé; il s'étonnait que Mme Mercier n'eût pas fait paraître la moindre émotion, et il me reprochait d'avoir ainsi exposé ses jours précieux.

Notre projet était d'aller visiter le Saint-Bernard; mais, dans ce moment, il y avait impossibilité d'y arriver avec sécurité; d'ailleurs, nous nous lassions de voyager dans les neiges et les glaces. Cependant, le chemin de Martigni est fort agréable; la vallée et les montagnes chargées de glaces offrent une belle perspective; l'oeil est réjoui par d'agréables prairies chargées d'habitations. À Saint-Maurice, nous avons vu le tombeau du chef de la Légion Thébaine, massacré avec ses soldats, et à peu de distance de la ville qui a pris son nom. Nous entendîmes, près de Villeneuve, le bruit effrayant de la cascade de Scolena, vulgairement appelée Pissevache; elle a deux cent deux pieds de haut, sa chute est superbe, sa nappe immense, et ses flots, perdus dans les airs, qu'ils agitent, se résolvent en vapeur, et forment un bel arc-en-ciel. C'est à Maurice qu'est la communauté des Moines du Simplon et du Saint-Bernard; le climat sévère de ces montagnes ne permet pas aux religieux d'y séjourner long-temps; aussi trouvent-ils dans le monastère de Saint-Maurice, comme dans une pépinière abondante, des hommes qui se dévouent à leur tour.

Présentement, au lieu des jolies filles d'Isella et de Domo-d'Ossola, nous n'apercevons que des paysannes goîtreuses du Vallais, plusieurs sont atteintes du crétinisme.

Le porphyre, le quartz, le granit, sont la principale composition des Alpes. Au fond des précipices, dans les ravins, se trouve une riche végétation qui mêle ses teintes brillantes aux couleurs austères des rochers. Les contadins, pour cultiver, montent d'étroits escaliers, et, avant d'arriver aux terres qu'ils ensemencent, ils ont souvent une plus grande élévation à escalader qu'un ouvrier employé à réparer le haut d'un clocher; les orages détruisent les travaux, mais les paysans contemplent ce dégât avec fermeté, et aussitôt la tempête passée, ils les réparent avec une patience admirable, et portent de la terre au sommet des montagnes, pour former un nouveau sol dans les endroits emportés. En Suisse, on est satisfait des auberges.

Les routes sont très-bien soignées, et cependant, il n'y a ni école polytechnique, ni administration des ponts et chaussées. Les voies publiques sont animées par la circulation continuelle de voitures chamarrées de costumes alpestres d'une grande variété. Les habitants se marient toujours dans leur propre canton.

Dans la vallée de Martigni, des hameaux, assis sur le penchant des collines, animent ce charmant paysage: cette vallée fertile produit du froment, du seigle, de l'orge et toute espèce de légumes; les pâturages sont les meilleurs du Valais. La nourriture ordinaire des Valaisans consiste dans de la viande salée, des légumes, du laitage, du fromage; le vin y est rare, on y boit beaucoup de cidre. La vue est réjouie par les troupeaux qui descendent lentement des montagnes; l'air retentit des sons aigus des clochettes et des mugissements plaintifs des animaux. On découvre encore des châlets ou petites huttes peu élevées et bâties pour la plupart en pierres sèches: le rez-de-chaussée, d'une seule pièce, contient les troupeaux et les gardiens: ces châlets n'ont pas de cheminée; le feu brûle contre la muraille, et la fumée s'échappe par les intervalles des murs et du toit. Les dames du pays laissent flotter leur blonde chevelure comme Euphrosine et Thalie, et se couvrent d'un petit chapeau orné de rubans.

     «Quel plaisir, sur la verte fougère,
     Au penchant de ces coteaux,
     Je verrai la gente bergère,
     Écouter mes accents nouveaux.»

Nous nous arrêtons à Vevay, ville de quatre mille âmes, après avoir parcouru le Valais: notre cane Simplon reçoit les carresses d'une jeune fille de douze ans, d'une ravissante beauté. Non loin de Vevay, on voit le fameux château des seigneurs de Gruyère, remarquable par sa belle situation et ses épaisses murailles. Nous prenons encore une voiture jusqu'à Lausanne, canton de Vaud. Tout le monde sait lire dans ce canton: le soir, en costumes de travail, groupés aux portes des maisons, les hommes lisent les journaux et parlent politique, quant aux jeunes filles, leur occupation est:

     «Le luth harmonieux, l'industrieuse aiguille,
     Parfois, c'est un roman qu'on écoute en famille.»

Dans les environs de Lausanne et dans quelques autres localités, les habitants ne permettent pas l'introduction permanente d'un étranger, sans l'autorisation de leurs gouvernements.

À Lausanne, nous montons un paquebot à vapeur d'une forme grandiose; rien n'y manque, pas même une bibliothèque choisie.

Nous voici donc sur le lac Léman, charmés, jusqu'à Genève, par l'aspect de jolis hameaux, des villages qui fourmillent sur les côtes du lac, et des paysages les plus pittoresques. On ne peut se lasser d'admirer ce lac superbe, dont les bords s'élèvent en terrasses tapissées d'une quantité de villas, de prairies dont les images se reflètent sur les eaux et se marient à leur azur.

Le lac Léman, qui a vingt-deux lieues de long et quatre ou cinq en largeur, roule au milieu d'une vallée qui sépare les Alpes du Mont-Jura; le Rhône, qui prend sa source dans le Simplon, si fécond en espèces diverses de poissons, tels que les truites saumonées qui pèsent de quinze à trente livres, traverse, en sortant du Valais, ce bassin creusé par la nature: ce lac, ce fleuve, les collines charmantes qui le bordent, le contraste des frimas avec la belle nature, forment un spectacle qui offre à l'âme mille sensations à la fois.

Le lac Léman ou de Genève qui a neuf cent cinquante pieds de profondeur près de Vevay, n'en a que quarante aux environs de Genève. Sur le lac, on voit des oiseaux aquatiques de toutes les couleurs et de toutes les contrées, tels que l'hirondelle de la mer Caspienne, le plongeon du Nord, le crabier de Mahon, la sarcelle d'Égypte, le héron pourpre, la cigogne, le courlivert, la mésange bleue et une foule d'autres espèces non moins intéressantes pour l'ornithologe.

Un des points de vue les plus imposants, quand on navigue sur ce fleuve, est le Mont-Blanc, éblouissant de l'éclat de ses neiges éternellement entassées; sa tête s'enfonce dans les cieux; les monts qui le ceignent, semblent n'exister que sous sa protection. Le Mont-Blanc est le roi des montagnes; c'est sur lui que l'hiver a placé son trône et ses frimas; près de lui, les autres sommités ressemblent à un ciron devant une baleine: ces cimes argentées, éclairées par les rayons du soleil, avaient l'apparence d'une illumination.

Les hautes montagnes couvertes de neige rendent l'air de ces lieux généralement froid et très-varié. Les vautours font leurs nids sur la crête de ces roches noires. Prenant un vol pesant, semblables à un nuage, ils s'abattent sur la terre, pour y chercher leur proie. Quoique nous n'ayons rien vu de comparable aux aspects et au territoire de la Pouille, la Suisse ne laisse pas que de présenter beaucoup de charmes, ne fût-ce que par rapport à ses excellents habitants, dont le caractère et les moeurs sont si aimables; leur gouvernement républicain si clément et si sage; la douce liberté qui y règne, et qui réprime si bien la licence. La Suisse ne peut pas laisser exercer la liberté de la presse; les gouvernements qui l'entourent s'y opposent ainsi qu'aux progrès de la pensée.

Les terres ne sont point assujéties au système cadastral de l'impôt, et, malgré cela, l'arbitraire et les vexations territoriales y sont inconnus; le gouvernement, avec un budget peu considérable, ne laisse pas que d'avoir de la majesté et de la grandeur. Plusieurs cantons suisses parlent le français, les autres l'allemand et l'italien: la religion catholique est professée dans deux ou trois cantons, les autres sont protestants et les catholiques ne peuvent se livrer aux pompes extérieures, pas même sonner les cloches.

En vrais républicains, préférant le bien public à leurs avantages personnels, ils aiment la justice par-dessus toutes choses, et ils professent la tolérance pour les dissidents et pour les opinions divergentes; mais ils prescrivent des limites au libre exercice des cultes, et n'en permettent la pratique que dans l'intérieur des temples.

En général, les Suisses sont de taille moyenne, pleins de vigueur et de vie: les femmes sont fraîches, fécondes et gracieuses; elles ont un beau teint, les cheveux blonds; elles sont grandes, et portent de petites coiffes sur leurs tresses relevées par des aigrettes d'or et d'argent.

CHAPITRE XV.

De Genève, Lyon, à Paris.

La position de Genève, près le lac, est admirable; la ville, en revenant des belles cités d'Italie, n'a pas le grandiose que nous attendions; les maisons sont hautes; elles sont bâties sans régularité, environnées de collines, de coteaux pittoresques que la nature semble avoir jetés au gré de son caprice; Genève est dans une plaine comprise entre le Jura et les Montagnes de Savoie. La plus grande partie de la ville est située au lieu où le Rhône, s'échappant du lac, coule avec véhémence dans un double canal ses eaux limpides et bleuâtres: on a construit sur le Rhône une machine hydraulique qui porte les eaux dans la ville: la campagne est couverte de maisons de plaisance.

Il y a de belles promenades à Genève: celle de la Treille est charmante, et a une vue magnifique. Sa population est de trente mille âmes; c'est une des plus considérables de la Suisse. Les Genevois ont le caractère humain et affable; comme l'éducation est à bon marché, ils sont très-instruits; en général, en Suisse, l'éducation est uniforme; celles des parents, des maîtres, du monde, sont en parfaite harmonie; par cette méthode, on fait des hommes qui ne portent point la livrée de la frivolité: ainsi, chez les anciens, Épaminondas, la dernière année de sa vie, faisait la même chose que dans l'âge où il avait commencé d'être instruit.

Sur le lac, on fait de délicieuses promenades dans de légères embarcations et avec de la musique.

     «Voici le soir! de légères gondoles
     Voguent sans bruit sur le lac argenté:
     C'est le moment où de douces paroles
     Font souvent rêver la beauté.»

Nous étions logés à l'hôtel neuf de la Couronne, où l'on est splendidement traité; mais, un jour, ayant laissé notre chambre en désordre et ayant emporté la clef, nous fûmes très-étonnés de la symétrie, à notre arrivée; tout y était en ordre et en état, même nos papiers qui, errant sur le parquet, avaient été rangés dans notre malle, où se trouvait de l'argent; j'en fis plainte à l'hôtel; on chercha à m'apaiser: nous avons appris, plus tard, que c'était l'usage en Suisse, et que les maîtres d'hôtel avaient toujours des doubles clefs.

À Genève, les femmes qui vous ont accueilli si gracieusement dans les salons, sortent sans escorte de suivantes: dans la rue, elles feignent de vous méconnaître, vous désappointent par un regard sévère, si vous leur faites une salutation: leur pensée, dans ces airs de glace et de froideur, est d'élever une barrière aux inclinations, sans la sanction des parents, et de se procurer liberté plénière pour se promener en sûreté sans exciter les nuages qu'élève un amour imprudent; parce qu'il est d'usage que les jeunes personnes sortent sans être accompagnées.

De très-beaux hôpitaux, même pour les aliénés, existent à Genève; aussi n'est-on jamais importuné par la vue des haillons ou les sollicitations d'un mendiant. La bienfaisance trouve difficilement occasion de s'exercer.

Ici, point d'ateliers où l'on entasse des centaines d'ouvriers, et où l'on fait presque des esclaves; l'ouvrier travaille pour son compte, comme il l'entend; possesseur des matières premières, il les façonne à sa manière, avec une intelligence qui lui offre toujours des avantages.

Les montres se fabriquent dans le quartier Saint-Gervais.

L'ancienne église Saint-Pierre, bâtie sur les débris d'un temple d'Apollon, est présentement un édifice protestant, et n'a rien de remarquable dans son intérieur, que le tombeau du duc de Rohan. Le génie de la peinture, de la sculpture et des arts, trouve peu d'aliments dans la réforme: le Tintoret, le Véronese, le Titien, n'auraient point eu de matériaux pour animer leurs pinceaux, ni de chefs-d'oeuvres qui vivront au temple de mémoire. Vraiment, le Christianisme, au milieu de ses splendeurs ravissantes et de ses merveilleuses perfections, le paganisme, tout infirme et sénile qu'il est, avec ses pagodes, ses fétiches, sa gentilité, en excitant par fois l'organisme des sens, ont rendu l'homme plus poétique, et ont développé en lui le germe des beaux-arts, de la musique, de l'architecture, de la peinture, etc., tandis que la réforme, ayant pour généalogie les Iconoclastes, et s'occupant du bonheur matériel de l'homme en ce monde, en même temps qu'elle le nourrit d'espérances immortelles, n'est encore qu'industrielle, et ne propage que les progrès de l'industrie. Voyez si ce ne sont pas les pays réformés qui s'occupent le plus de l'industrie, et de faire prospérer le

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